Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

TeleCoop est un opérateur télécom coopératif qui propose des abonnements mobiles pour les particuliers et les professionnels. 

La création de TeleCoop en 2020, est parti du constat simple, que les impacts du secteur numérique croissent très rapidement et pourtant les modes de production et de consommation ne sont jamais questionnés. De plus, l’opérateur mobile est souvent la porte d’entrée vers le numérique pour les consommateurs, et a donc un rôle central à jouer dans la transition écologique et solidaire de ce secteur.

La raison d’être de TeleCoop est d’accompagner ses abonnés à la reprise en main de leur vie numérique. Cela passe par des questionnements autour de l’usage numérique, et notamment la réduction de la donnée mobile utilisée, par l’aide à l’allongement de la durée de vie de leurs smartphones, mais aussi par un accompagnement autour du respect de la vie privée, et de la protection des données personnelles. 

TeleCoop est une SCIC, société coopérative d’intérêt collectif. Ainsi, nous avons plus de 1600 sociétaires, dont la grande majorité sont des citoyens, qui réfléchissent avec nous, sur les orientations stratégiques de la coopérative, pour créer un opérateur mobile, par les citoyens, pour les citoyens. 

La « durabilité », qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

La durabilité c’est de répondre aux besoins essentiels actuels, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. 

Chez TeleCoop, les besoins sont toujours questionnés au nom de l’intérêt général. Sachant que l’accès au numérique est devenu un indispensable de notre quotidien, il est nécessaire que tout le monde puisse y avoir accès pour les usages essentiels, en prenant en compte les limites planétaires. 

Comment cela s’incarne-t-il dans votre entreprise et vos produits/ services ?

Elle est au cœur de notre modèle et se retrouve dans tous les aspects de la chaîne de valeur de l’entreprise : 

  • Dans les usages du numérique, TeleCoop propose le seul forfait mobile où la facturation du client est dépendante de sa consommation réelle. Cela remet profondément en question le modèle des opérateurs télécoms, qui proposent des offres illimitées, qui ne prennent pas en compte le caractère fini des ressources ne sont pas du tout durables.
  • Dans l’accompagnement de nos abonnés à l’allongement de la durée de vie de leurs smartphones, TeleCoop est le seul opérateur mobile qui incite à réparer son téléphone, plutôt qu’à le changer. Une aide à la réparation de 30 euros est inclus dans un de nos forfaits. De plus, nous ne vendons pas de téléphone alors qu’aujourd’hui 30% des téléphones neufs sont vendus par les opérateurs mobiles (qui en ont fait une composante de leurs modèles économiques). Cela fonctionne car nos abonnés gardent en moyenne 3,7 ans leur mobile alors que la moyenne nationale est de 2,5 ans.
  • Au sein de notre organisation et dans l’utilisation de nos outils internes, nous privilégions au maximum l’écoconception de nos services numériques, ainsi que le choix d’outils libres et open source.
  • Par le choix du statut de SCIC dans la création de l’entreprise. En effet, c’est un modèle d’entreprise plus durable sur le long terme, car il a la vocation et la raison d’être, de reposer sur un collectif et non plus sur quelques personnes. 

Quels sont vos enjeux majeurs actuels sur ces sujets ?

Nous avons 2 enjeux majeurs, en tant qu’opérateur mobile, pour réduire l’empreinte environnemental du numérique (cf rapport ademe-arcep)* : comment réguler l’explosion des usages de données mobiles et comment allonger la durée de vie du matériel ? 

L’usage numérique est encore aujourd’hui vu comme sans impact alors que derrière l’usage il y a bien du matériel et des infrastructures (4G, 5G, datas centers) … Pire l’usage numérique est souvent vu comme bénéfique à la transition énergétique (chauffage connecté, smartcity, …) et donc son développement exponentiel n’est jamais remis en question. L’exemple actuel est celui du développement de l’IA générative.

L’enjeu est de permettre à chacun et chacune de bénéficier des usages numériques essentiels et d’interroger les autres usages. 

Aujourd’hui, les français changent de téléphone en moyenne 2,5 ans, et dans les études prospectives de l’ADEME, pour atteindre les objectifs climatiques, il est nécessaire d’allonger d’au moins 2 ans cette durée de vie. En tant qu’opérateur mobile, nous devons accompagner nos abonnés à lutter contre l’obsolescence matériel (en incitant à la réparation), l’obsolescence logicielle et l’obsolescence marketing !

Et cette année, d’autres appareils vont devenir obsolètes à cause d’un changement d’infrastructure ! Le développement de la 5G, a conduit les opérateurs détenteurs des infrastructures (Orange, SFR, Free et Bouygues), à faire le choix d’arrêter le réseau 2G et 3G. L’arrêt de la 2G est prévu dès fin 2025, ce qui a des conséquences fortes en termes de renouvellement de matériel. En effet, certains appareils ne sont pas compatibles 4G et ne pourront plus être utilisés. L’impact de ces changements est fort en termes écologique et social, et aujourd’hui notre enjeu est d’accompagner au mieux nos abonnés (15% de nos abonnés n’ont pas un smartphone). 

Le cadre réglementaire sur la durabilité des produits est-il suffisant selon vous ?

Une réflexion autour d’un numérique citoyen et d’intérêt général est nécessaire, pour définir un cadre réglementaire, bien plus fourni et efficace. Les usages de données mobiles explosent, et cela est d’autant plus vrai avec l’arrivée de l’IA et des mondes connectés. 

Les grands géants du numérique (Google, Microsoft, …) annoncent les uns après les autres qu’ils n’atteindront pas leurs objectifs de réduction carbone et ils deviennent progressivement des géants énergétiques, pour alimenter leurs datas centers. 

Cependant, la réglementation est encore inexistante sur les sujets de l’usage. Tant que l’infrastructure répond, les opérateurs mobiles ne voient aucun problème à proposer des forfaits à 100 – 200 – 300 Go, ou même illimité. Cela crée un effet rebond, où l’usage entraîne le renouvellement de l’infrastructure et la croissance exponentielle des émissions. 

Il est aussi nécessaire de réguler les plateformes de streaming qui sont la plus grande partie de l’usage des réseaux.

Ce sera quoi une économie durable en 2050 ?

Vaste question, mais finalement la théorie du donut, est pour moi une piste de réflexion. Chacune de nos décisions doit s’inscrire dans ce cadre théorique, pour que le plus grand nombre puisse bénéficier des biens essentiels sans compromettre l’habitabilité de la terre et sans dépasser les limites planétaires (qui sont malheureusement pour certaines déjà dépassées …). 

Qu’est-ce qui vous a incité à rejoindre le Club de la Durabilité ?  

Nous voulions permettre au secteur des télécoms de s’emparer du sujet de la durabilité. En effet, c’est un sujet qui concerne aussi les opérateurs mobiles et pour exemple, 30% des téléphones neufs vendus en France, le sont dans les boutiques Orange, Free, SFR et Bouygues. Ainsi ce secteur doit s’engager pour la durabilité des usages et du matériel. 

TeleCoop porte un rôle de pionnier du secteur car pour l’instant aucun autre opérateur n’a rejoint le club de la durabilité alors que dans d’autres secteurs comme l’électronique, des grands groupes comme Fnac-Darty ou Boulanger ont compris l’importance de la durabilité et commencent à s’engager. 

Le Club est aussi l’occasion de faire vivre la coopération et les partenariats entre les structures adhérentes, comme Commown pour la location de matériel, les réparateurs et les fournisseurs de pièces détachés comme : mediaclinic, informa’truck ou encore ifixit pour la mise à disposition de tutoriel de réparation, que nous recommandons à nos abonnés.