Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
The Repair Academy propose des formations à la réparation d’appareils électroniques (smartphones, tablettes, pc…). De nombreux programmes existent, pour tous les niveaux : les bases pour apprendre à démonter, jusqu’à la réparation de carte mère au composant près. Depuis 2019, ce sont plus de 350 personnes formées.
J’ai aussi récemment fondé Seensys qui propose un service de revalorisation et de reconditionnement de lots d’appareils électroniques (smartphones, pc, tablette, bureautique…). Depuis juin 2022, ce sont plus de 4000 appareils qui ont été sauvés et proposés à la vente en France. Collecte, audit, effacement de données, test, réparation et remise en état : tout est mis en œuvre pour remettre sur le marché un maximum d’appareils, et les sauver de la benne.
Quelle est votre définition de la « durabilité » ?
Selon moi, la durabilité peut s’appliquer à plusieurs thèmes : un produit, un service, une entreprise, une société…
C’est le fait de penser sur le long terme : quelles seront les conséquences sur le long terme d’une action effectuée aujourd’hui par rapport à l’objectif de cette action ?
Est-ce que ce que je créé aujourd’hui sera encore valable demain ?
Comment votre entreprise contribue concrètement à la durabilité des produits/ services ?
Mes entreprises participent à la construction de la filière de la réparation d’appareils électroniques : on peut ; avec des réparateurs formés et des plateformes industrielles de réparation ; donner une 2ème, 3ème voir 4ème vie à nos produits !
Ensuite, s’il n’est pas possible de redonner une vie à un appareil, il peut être démantelé : les pièces détachées encore utilisables servent à réparer d’autres appareils ; les pièces irrécupérables sont correctement triées pour être valorisées (énergétiquement, recyclées, extraction des métaux…).
Nous participons à créer le tissu industriel qui pourra demain traiter les volumes considérables d’appareils que nous jetons chaque année.
Quels sont vos enjeux majeurs actuels sur ces sujets ?
Nous avons plusieurs sujets.
Premièrement, il est essentiel de rendre le métier de technicien réparateur attractif.
Ensuite il faut faire prendre conscience aux acteurs majeurs qu’il est en effet possible de réparer (eco-organismes, distributeurs d’appareils…) afin de transformer les mentalités et le modèle actuels.
Enfin, il faut lever les freins techniques à la réparation de masse : permettre l’approvisionnement en pièces détachées d’origine ; ou génériques de bonne qualité ; développer un savoir-faire d’excellence ; faciliter l’automatisation de tâches…
Quel est votre avis sur le cadre réglementaire actuel européen et français? (Y a-t-il des initiatives qui vous touchent particulièrement positivement ou négativement ?)
Le travail sur l’éco-design des smartphones et tablettes au niveau Européen est une avancée formidable, même si perfectible. Je voudrais ajouter le sujet de la réparation de carte électronique.
L’indice de réparabilité français est aussi une belle avancée. Il reste également perfectible, notamment car son calcul par les constructeurs eux-mêmes ouvre la porte à certains abus et manque de transparence.
Quelles sont vos sources d’inspiration ou exemples emblématiques en matière de durabilité ?
Tout l’écosystème du réemploi et de la réparation est une formidable source d’inspiration. Voir des acteurs s’emparer de sujets gigantesques comme le bâtiment, le chauffage électrique ou l’électronique grand public est très motivant.
L’opération de cession de parts de Patagonia à des associations est aussi très inspirant !